Délégué général du Pacte Finance Climat, Bruno Léchevin évolue depuis de nombreuses années dans le domaine de l’énergie et de la transition écologique et du climat. Après avoir été Commissaire et Conseiller spécial du Président de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), Bruno Léchevin a été Délégué général du Médiateur National de l’Energie puis, en 2013, Président Directeur Général de l’ADEME.

Bruno Léchevin, vous n’êtes pas économiste, pourquoi vous impliquer dans le Pacte Finance-Climat ?

Mon mandat de PDG à l’ADEME a conforté ma conviction que la lutte contre le dérèglement climatique est l’enjeu fondamental de notre société.  Il doit guider l’émergence de nouveaux modèles politiques, sociaux et économiques. C’est un enjeu qui s’impose à tous les secteurs d’activités et qui doit nous amener à repenser nos modes de vie, de déplacement, de production, de consommation de manière globale et responsable.

Pour que ces transformations puissent s’opérer en profondeur et de façon pérenne, la question de leurs financements est un pré requis essentiel. Les seuls changements de comportements individuels ne pourront résoudre la problématique de la transition écologique. Qui plus est, la situation sociale dans notre pays prouve, s’il en était besoin, qu’il n’est pas envisageable de faire peser la seule responsabilité du changement sur des ménages déjà à « bout de souffle ».

Ainsi, les changements individuels doivent s’accompagner d’innovations technologiques et organisationnelles et d’évolutions de nos politiques publiques, et cela à l’échelle européenne. Il faudra nécessairement accompagner ces initiatives de financements disruptifs.

Le Pacte Finance-Climat, avec son appel à créer une banque et un fonds européens climat et biodiversité et la dimension transversale de ses domaines d’application, peut jouer un rôle déterminant dans ce cadre.

La lutte contre le dérèglement climatique se gagnera par la combinaison de volontés et d’engagements individuelles, collectives et politiques et de financements à la hauteur des enjeux.

Les jeunes sont dans la rue, les propositions de solutions comme celles formulées par le Pacte Finance-Climat se multiplient, pourquoi selon vous une telle inertie de nos décideurs ?

C’est incompréhensible ! Face à la mobilisation de plus en plus importante des jeunes à l’échelle de la planète comme plus globalement de l’ensemble des citoyens, les décideurs politiques sentent qu’ils ne peuvent plus ignorer le sujet et tentent de le porter dans leur discours. Toutefois, le problème est toujours le même : on ne peut plus se contenter de paroles et de discours, la situation requiert conviction et actes concrets, forts, tangibles pour faire bouger véritablement les lignes. Pour qu’une proposition comme le Pacte Finance-Climat soit sur la table au niveau européen, il faut encore amplifier un rapport de force constructif qui rassemble toutes celles et ceux qui agissent en faveur du climat, les jeunes et les moins jeunes, les associations, les élus, les entreprises, bref, toutes celles et ceux qui portent des solutions et agissent au plus près des besoins.

Dans ce contexte quels sont, selon vous, les enjeux des élections européennes à venir ?

Nous pensons que la question du climat doit être centrale dans la campagne pour les élections européennes car c’est un chantier porteur de sens et d’emploi pour l’Europe. Ces dernières semaines, nous avons interpellé les listes pour connaître leur positionnement sur le financement de la transition écologique en Europe.

Nous leur demandons de se positionner sur le projet que nous portons, mais aussi de développer les aspects de leur programme concernant le financement de la transition écologique.

Notre volonté est que le Pacte Finance-Climat serve de base de discussion.  Toutes les contributions allant dans le sens d’une consolidation du projet sont les bienvenues.

Il est important de porter ce projet au coeur des listes si nous voulons provoquer le débat sur la finance climatique ! Les réponses à cette interpellation seront publiées mi-mai.

Vous pouvez retrouver l’interpellation du Pacte Finance Climat ici : https://www.agirpourleclimat.net/fr/interpellation-des-listes-aux-elections-europeennes/

Ces élections n’étant qu’une étape, quel est selon vous l’avenir du Pacte Finance-Climat après celles-ci ?

Soyons positifs et espérons que, au lendemain des élections, le Pacte Finance-Climat qui aura été largement repris par les candidats, sera sur la table des négociations au niveau européen et que des coalitions se mettront en place avec plusieurs pays européens pour que, d’une manière ou d’une autre, celui-ci voie le jour. Chacun sait qu’une réponse à l’urgence climatique et à l’accélération de la transition écologique au niveau européen ne sera pas possible sans, entre autres, le Pacte Finance-Climat et ses outils financiers.

Quand bien même, nous aurons pu contribuer à ce que le Pacte Finance-Climat soit repris, notre action va devoir se poursuivre et s’intensifier. Nous devrons en effet travailler à sa mise en application effective dans les territoires afin qu’il soit mis en œuvre en faveur du déploiement la transition écologique en France et en Europe, et cela dans tous les secteurs, qu’il s’agisse de la mobilité et des transports, du bâtiment, de l’agriculture, ou encore du développement massif des énergies renouvelables et dans le domaine de l’efficacité énergétique.

Le Pacte Finance-climat présente l’intérêt d’être une solution macro-économique à l’échelle européenne et une contribution à la synergie de tous les acteurs pour mettre en œuvre la transition écologique dans tous les territoires. C’est pour cela que pour moi, le soutien au Pacte Finance-Climat de centaines de collectivités, d’élus d’ONG, d’entreprises, de ceux et celles qui construisent le changement sur le terrain est essentiel.