Le 15 décembre 2018, le journaliste Boris Loumagne sur France Culture, s’appuyant sur les propos du professeur de médecine de l’Université Aix-Marseille, Jean-Michel Claverie, indiquait que la fonte du permafrost était « une boîte de pandore ».

Le permafrost ou pergélisol désigne les vastes étendues de sol et de sous-sol continuellement gelées (au moins deux années consécutives). Il est constitué de glace et de matière organique produite par la décomposition partielle de végétaux. C’est un réservoir de carbone deux fois supérieur à l’atmosphère. Avec le dégel, l’activité bactérienne s’active métabolisant et transformant la matière organique en CO2, qui contribuera à l’augmentation de l’effet de serre.

Mais cette fonte pourrait avoir d’autres funestes conséquences.

En 2014, le professeur Claverie et son équipe ont découvert deux nouveaux virus, des virus géants, datés de 30 000 ans, dans le pergélisol sibérien. Ils ont réussi à les réactiver. Fort heureusement, ces micro-organismes-là sont inoffensifs pour l’Homme. Mais le chercheur, aussi directeur de l’institut de Microbiologie de la Méditerranée et du laboratoire Information Génomique et Structurale prévient : « Cette découverte démontre que si on est capable de ressusciter des virus âgés de 30 000 ans, il n’y a aucune raison pour que certains virus beaucoup plus embêtants pour l’Homme, les animaux ou les plantes ne survivent pas également plus de 30 000 ans. »

En 2016, en Sibérie, dans la région de Yamalo-Nenets, la forte chaleur estivale inhabituelle, 5,6° C au-dessus des normales saisonnières, avait exhumé le cadavre d’un renne enfoui dans le sol gelé depuis 1941. Il était mort comme un grand nombre de ses congénères de l’infection par la bactérie du charbon, l’anthrax. Durant 75 ans, cet animal a hébergé le bacille du charbon redevenu actif après décongélation. Il a infecté les troupeaux de rennes et par absorption de leur chair près de 80 humains. Un enfant de 12 ans était décédé.

Nous devons donc éviter à tout prix d’ouvrir la boîte de pandore. Au sortir de cette crise du coronavirus, nous devons rapidement, à l’échelle planétaire, saisir l’opportunité d’engager un Grand plan international pour changer nos sociétés en profondeur. La Cop 26 de Glasgow, quand elle pourra se tenir, doit être impérativement celle de l’engagement. Le 10 mars dernier, Petteri Taalas secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) présentait l’état du climat mondial. Tous les indicateurs sont au rouge. Il concluait en appelant « le monde à faire preuve de la même unité et de la même détermination à agir sur le climat et à réduire les émissions de gaz à effet de serre que pour contenir la pandémie de coronavirus ».