Ce projet de traité prévoit la création d’une filiale de la Banque européenne d’investissement dédiée au climat avec des capacités de financement de 300 milliards d’euros par an ainsi qu’un fonds de 100 milliards d’euros par an.

Si l’Europe a réussi à sauver ses banques, elle devrait pouvoir en faire de même pour le climat. Tel est le raisonnement de Pierre Larrouturou, qui présentait mardi son projet de traité européen  « Finance Climat »avec Jean Jouzel. Depuis 2017, l’économiste et le climatologue planchent sur ce projet prévoyant la création d’une banque européenne pour le climat, ainsi qu’un fonds de 100 milliards d’euros par an destiné à la lutte contre le réchauffement.

Le texte a été signé par plus de 600 personnalités issues du monde politique, associatif, syndical. On y retrouve une flopée d’élus et anciens élus, ministres français (Juppé, Raffarin, Ayrault) et européens (Pedro Sánchez), ainsi que près de 240 députés français de tous les partis (à l’exception du Rassemblement national). « C’est le seul traité qui peut tous nous unir », veut croire Pierre Larrouturou, qui essaie d’obtenir un maximum de soutien pour que sa proposition pèse lors du Conseil européen des 21 et 22 mars prochain.

«  Le dernier rapport du Giec démontre l’urgence à briser la courbe des émissions de CO2 », explique Pierre Larrouturou. Alors qu’il y a encore cinq ans, il se battait dans la quasi-indifférence générale pour porter ce projet, l’économiste se félicite d’un changement de mentalité. « Tout le monde prend conscience de l’urgence, mais les financements manquent », justifie-t-il.

Concrètement, sa banque « verte » dépendrait de la Banque européenne d’investissement (BEI) dont elle serait une filiale autonome financièrement. Les Etats membres disposeraient d’un droit de tirage de 2 % de leur PIB chaque année pour financer des projets en faveur du climat. Soit l’équivalent de 65 milliards d’euros à taux zéro pour l’Allemagne, ou de 45 milliards pour la France. Rapporté au PIB des 28 états membres, cela représenterait 300 milliards d’euros investis par an.

La BEI consacre déjà 30 % de ses investissements au climat , et devrait porter ses investissements à 100 milliards d’ici 2020. Mais pour Larrouturou, son fonctionnement est peu lisible de l’extérieur. « Il faut créer une structure avec un nouvel ADN, une banque avec un budget propre qui définirait ses propres projets ». Même son de cloche chez une député LREM française, qui insiste sur « l’impact positif pour l’économie d’un monde de la finance qui s’empare vraiment de l’écologie ».