La courbe de réduction des émissions françaises de Gaz à Effet de Serre (GES) s’étiole dangereusement mais les gouvernements successifs depuis la dissolution tergiversent. Les chiffres publiés par le CITEPA sont implacables. En 2024, la France s’est écartée de la trajectoire menant à la neutralité carbone en 2050. Les émissions n’ont baissé que de 1,8 % et ce chiffre ne tient pas compte de l’effritement des puits de carbone, principalement forestiers, qui se dégradent de façon inquiétante. Ce constat semble être le cadet des soucis de l’exécutif, Président et Gouvernement. Le Président a, certes, réuni 15 ministres dans le cadre du Conseil de la Planification Écologique, dont il n’est sorti que de belles déclarations générales et quelques mesurettes, pour la plupart déjà décidées auparavant.

La Stratégie Bas Carbone n° 3, en concertation depuis l’automne 2024 n’est toujours pas publiée, pas plus que la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE 3) qui, au terme de la Loi Climat et Résilience aurait dû l’être en juillet 2023. La PPE est l’instrument réglementaire de programmation qui permet de déclencher les appels d’offres pour les énergies renouvelables ou de déterminer les objectifs annuels de rénovation énergétique des logements ainsi que les moyens financiers qui leur sont consacrés comme Ma Prime Rénov ou les Certificats d’économie d’Energie (CEE). Les décrets concernant les volumes et le ciblage de la 6e période des CEE ne sont pas non plus publiés alors qu’elle doit débuter le 1er janvier 2026. Vous avez dit visibilité ?

Lundi 28 avril, le Premier ministre a annoncé à l’Assemblée nationale le report de l’adoption de la PPE “d’ici la fin de l’été”. Comme le souligne le Président du Syndicat des énergies renouvelables, Jules Nyssen, “il s’agit d’un signal désastreux envoyé à l’ensemble des entreprises du secteur de la transition énergétique.”

En résumé, le gouvernement reporte encore tout débat sur la politique énergétique et climatique et met en danger le développement des filières renouvelables qui seules, aujourd’hui, sont capables d’accroître notre production d’énergie décarbonée, de gagner en souveraineté énergétique tout en créant des emplois et des retombées économiques dans nos territoires.. C’est “courage, fuyons !”. Et pourtant, ce débat est plus que jamais nécessaire. La campagne présidentielle de 2027 est déjà dans toutes les têtes et si ce débat n’est pas lancé immédiatement, il serait naïf de croire qu’il tiendra la place qu’il mérite dans la campagne présidentielle. Préparons-nous donc à démontrer l’importance du triptyque sobriété, efficacité et énergies renouvelables dans la lutte contre le dérèglement climatique, la préservation du pouvoir d’achat de nos concitoyens et la souveraineté énergétique française. Je rappelle que près de 60 % de l’énergie que nous consommons est d’origine fossile et importée de pays qui ne sont pas particulièrement des amis de la France. Cette démonstration doit être faite de manière collective avec les autres associations de citoyens, comme Agir pour le climat l’a fait récemment avec le réseau Cler à propos des CEE, mais aussi des associations d’élus locaux, ceux-ci étant bien plus sensibles à la volonté des citoyens que les élus nationaux ou les membres de l’Exécutif.

J’ai souvenir d’un Président de la République qui en 2002 déclarait : “La maison brûle mais nous regardons ailleurs”. Encore faudrait-il sortir la tête du sable, puis regarder dans la bonne direction.