En 2024, l’importation d’énergies fossiles a coûté à notre pays près de 60 milliards d’euros. Si elles sont utiles pour faire fonctionner l’économie française, elles représentent non seulement un coût important pour les finances publiques, mais engendrent également des émissions de gaz à effet de serre.
Dans cet article, nous vous proposons de faire un point sur les énergies fossiles consommées dans notre pays, leurs origines géographiques et leur coût pour les Français.
Quelle quantité d’énergies fossiles consommons-nous encore chaque année ?
Tout d’abord, parlons-nous d’énergie primaire, secondaire ou finale ? Pour cette section, nous allons nous concentrer sur l’énergie finale, qui équivaut à l’énergie primaire, déduite des pertes subies tout au long de la chaîne de conversion et de transport. Autrement dit, nous parlerons de l’énergie effectivement utilisée par le consommateur (électricité, carburant…), après toutes les transformations industrielles nécessaires pour son utilisation.
D’après les données du Gouvernement, en 2023, la consommation finale à usage énergétique s’élève à 1 549 TWh. Avec environ 600 TWh de pétrole, 400 TWh de nucléaire, 350 TWh de gaz naturel et 200 TWh d’énergies renouvelables (hydraulique, photovoltaïque, éolien et biomasse). Il existe aussi une petite quantité consommée de charbon et de chaleur renouvelable.

Ainsi, les énergies fossiles représentent encore plus de 60 % de l’énergie finale consommée en France. Environ 40 % sont issues du pétrole (et produits dérivés), et 20 % du gaz naturel. Leur consommation absolue a baissé depuis leur pic dans les années 2000, mais elles constituent toujours la principale source d’énergie dans notre pays.
Elles sont utilisées dans différents secteurs : transport, résidentiel, tertiaire, industrie et agriculture. Les différents secteurs sont plus ou moins dépendants des énergies fossiles, selon leurs propres contraintes. Par exemple, le secteur des transports est encore largement dépendant des énergies fossiles :

D’où viennent ces énergies fossiles ?
La France importe la quasi-totalité des énergies fossiles qu’elle consomme. Les pays d’importation sont différents selon le produit considéré, pétrole, gaz naturel ou charbon.
En ce qui concerne le pétrole, les principales régions d’importation sont diversifiées. En 2023, la France importe principalement depuis l’Afrique subsaharienne (21 %), suivie de l’Afrique du Nord (18 %), de l’Amérique du Nord et du Moyen-Orient (17 % chacun). La part de l’ex-URSS chute avec l’embargo sur le pétrole russe : la Russie, qui fournissait 9 % en 2021 et 5 % en 2022, n’exporte plus vers la France.

Il faut savoir que la France consomme une petite partie du pétrole qu’elle produit, notamment dans le bassin aquitain et le bassin parisien. Au 1er janvier 2024, les réserves de pétrole brut de la France (9,3 Mtep) représentent 11 ans d’exploitation au rythme actuel, et un peu plus de deux mois de consommation nationale.
Si l’on se penche sur le cas du gaz naturel, les pays d’importation sont bien moins diversifiés, et une part conséquente du gaz consommé provient de la Russie, malgré le conflit russo-ukrainien. Néanmoins, en 2022, les États-Unis sont devenus le principal fournisseur de gaz naturel de la France, représentant 25 % des entrées brutes, principalement sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), dont une partie est réexportée vers d’autres pays européens après regazéification. La Norvège suivait avec 22 %, puis la Russie (15 %), l’Algérie (8 %), le Qatar (4 %) et les Pays-Bas (3 %), selon les données du ministère de la Transition écologique.
Enfin, bien que ce soit l’énergie fossile la moins utilisée en France, le charbon conserve toujours une place dans le paysage énergétique. D’après le Gouvernement, les principaux secteurs consommateurs de charbon en 2023 restent la filière fonte (62 %), la production d’électricité et de chaleur (21 %) et l’industrie manufacturière hors hauts-fourneaux (12 %). En 2024, le charbon n’a compté que pour 0,13 % de la production d’électricité dans l’hexagone.
En 2023, l’Australie et les États-Unis demeurent les principaux fournisseurs de la France, avec respectivement 2,5 Mt (38 %) et 1,5 Mt (22 %) d’importations. Les livraisons en provenance de Russie, qui représentaient encore 30 % en 2021 puis 15 % en 2022, ont quasiment disparu, chutant à 14 kt, soit 0,2 %.
L’importation d’énergies fossiles soulève des enjeux politiques et éthiques majeurs. La Russie, fournisseur de pétrole et de gaz de longue date, est aujourd’hui sujette à des sanctions européennes en raison de son invasion de l’Ukraine, ce qui rend toute dépendance énergétique problématique sur le plan géopolitique. En ce qui concerne l’Arabie saoudite, le Qatar ou encore l’Algérie, plusieurs critiques portent sur le respect des droits humains, la liberté d’expression, ou encore l’utilisation des revenus du pétrole pour soutenir des régimes autoritaires. S’appuyer sur ces États pour garantir notre approvisionnement énergétique interroge donc notre cohérence entre politique étrangère, valeurs démocratiques et réalités économiques.
Combien nous coûtent ces importations d’énergies fossiles ?
Les énergies fossiles représentent encore plus de 60 % de l’énergie finale consommée en France, et sont importées dans leur quasi-totalité. C’est une mauvaise nouvelle à la fois pour le climat et pour l’indépendance énergétique du pays.
Mais c’est aussi un problème du point de vue des finances publiques, puisque ces importations ont un coût conséquent. La transition écologique pour sortir des énergies fossiles et électrifier les usages devient alors un enjeu économique, en plus d’être un enjeu environnemental et sanitaire.
En 2024, la facture énergétique de la France atteint 57,8 milliards d’euros, en net recul par rapport au record de 124,1 milliards atteint en 2022. Elle demeure toutefois parmi les plus élevées des trente dernières années. L’essentiel de ces dépenses est dû au pétrole brut, aux produits raffinés et biocarburants et au gaz naturel.

Cela souligne de nouveau la nécessité économique de réaliser la transition énergétique, en accélérant le développement des énergies renouvelables et en développant massivement l’électrification des usages, notamment dans les domaines des transports (véhicules électriques) et du bâtiment. Une plus forte indépendance énergétique rendrait notre pays moins vulnérable face aux envolées de prix des énergies fossiles provoquées par les chocs de l’économie mondiale