Produire une électricité décarbonée et renouvelable est un levier majeur pour sortir des énergies fossiles et protéger le climat. Cependant, le monde politique peine à donner une trajectoire claire. De leur côté, les citoyens ont une opinion favorable aux énergies renouvelables. À ce sujet, nous avons posé 3 questions à Benoît Clouet, co-gérant d’ABO Energy France, entreprise qui installe des parcs éoliens et photovoltaïques en France depuis presque 25 ans.

Quand a été créée la filiale française et quelles sont vos activités dans le pays ?

La filiale française a été créée en 2002 et nous sommes près de 190 salariés. Nous développons des projets éoliens et solaires avec une logique territoriale. En près de 25 ans d’expérience, notre conviction est que les projets doivent être portés par des experts qui connaissent le territoire. C’est pourquoi nous sommes répartis dans 4 agences à Lyon, Nantes, Orléans et Toulouse où se trouve notre siège social. Nous couvrons la majeure partie du territoire national ! En quelques chiffres cela donne : 47 parcs raccordés pour 487 MW pouvant alimenter jusqu’à 480 000 personnes en électricité renouvelable. Et pour l’avenir, 10 sont prévus en construction soit 208 MW. Il s’agit de parcs éoliens et photovoltaïques principalement. Mais parmi les pistes d’innovation figurent aussi les projets hybrides pour lesquels nous explorons les solutions de stockage.

Quels sont les principaux obstacles et opportunités que vous voyez au développement des renouvelables en France ?

Notre premier défi est avant tout d’avoir une trajectoire énergétique pour la France mais à l’heure où nous nous parlons, nous sommes loin d’une PPE.

Ce sujet est particulièrement sérieux, et pourtant, l’avenir énergétique ne fait pas l’objet d’une trajectoire claire depuis plusieurs années maintenant… Mais après les débats parlementaires du début d’été et le rejet du texte proposant un moratoire sur les EnR, je trouve que la capacité de notre filière à se mobiliser force l’optimisme.

Certes le marché arrive à un point de maturité et connaît des taux de croissance moins fulgurants qu’à ses débuts. Mais innover dans cette filière est dans l’ADN d’ABO. Alors entre les nouveaux modes de mobilité électrique, l’émergence de l’IA dans le pilotage des parcs, la flexibilité des projets avec des parcs qui mixent les renouvelables et le stockage, de nouvelles approches de concertation avec les territoires… vous voyez que les opportunités ne manquent pas !

Un peu dans le prolongement, il y a également un contexte géopolitique incertain. Il n’est pas propre à la France mais à l’heure où les climatosceptiques gagnent du terrain et, avec eux, les idées à débunker, nous avons clairement un défi d’opinion à relever. Chez ABO nous restons des optimistes convaincus et nous sommes résolus à prendre part aux débats qui vont démarrer avec les échéances électorales à venir.

Comment travaillez-vous avec les territoires et les citoyens pour assurer l’acceptabilité et l’intégration de vos projets ?

Comme je vous le disais tout à l’heure, l’approche territoriale constitue pour nous la clé du développement d’un projet. Nous recrutons des responsables de projet qui n’hésitent pas à aller sur le terrain : à l’écoute des acteurs locaux, dans l’échange avec les élus, et véritables experts de leur domaine, ils favorisent la concertation à chaque étape.

Je résumerais notre action sur le terrain en 3 grands axes :

  1. La concertation à chaque phase du projet avec des réunions publiques ou l’envoi de bulletins d’information.
  2. La création d’un lien durable avec les acteurs locaux : de la phase de développement jusqu’à l’exploitation des parcs.
  3. La mise en place de partenariats solides pour encourager les initiatives régionales, préserver la biodiversité ou lutter contre la précarité énergétique. Nous avons par exemple un partenariat depuis plusieurs années avec Précarité Énergétique Occitanie ou Perma Plumes, une association qui œuvre à la protection des busards (espèce d’oiseaux menacée) dans le Loiret.

Il est vrai que certains projets peuvent soulever des questions d’acceptabilité locale. Néanmoins, une étude Ifop-Engie publiée en juin dernier permet de prendre un peu de recul : 84 % des Français ont une image positive des énergies renouvelables. Lutte contre le changement climatique, souveraineté énergétique, création d’emplois locaux ou encore amélioration du pouvoir d’achat : autant d’enjeux concrets auxquels les EnR apportent des réponses tangibles.