20 janvier 2025 : M. Donald Trump est intronisé Président des États-Unis d’Amérique. Un climatosceptique revendiqué prend la tête de la première puissance économique mondiale, deuxième émetteur de GES et dont la seule philosophie est de se retourner vers le 19e siècle et de forer tant et plus. Dix mois plus tard, le 22 novembre 2025, la COP 30, 30e Conférence des Parties sur le climat, se termine sur un constat déprimant : pas de feuille de route pour sortir des énergies fossiles, pas de progrès sur le financement de l’adaptation des pays en développement.

La géopolitique du climat est très claire : les États-Unis qui, même sortants, torpillent par la menace les rares initiatives en faveur du climat comme l’accord sur le transport maritime, la Russie qui ne s’exprime pas sur le climat sauf pour défendre ses intérêts dans les fossiles, les pays pétroliers et/ou gaziers qui bloquent tout engagement sur la sortie des fossiles, l’Union européenne, divisée, qui reste sur une politique de réduction des émissions de GES affirmée avec une timidité affligeante, la Chine qui a compris tout l’intérêt environnemental, mais surtout industriel et commercial, de prendre le leadership sur la transition énergétique et, finalement, les pays en développement et les pays émergents qui subissent le changement climatique en n’y ayant que très peu contribué.

Face à ce constat, l’Union européenne et la France doivent se ressaisir et affirmer beaucoup plus fermement leur engagement. Nous devons comprendre que les États-Unis ne sont plus un pays ami et que la Chine, si elle est un exemple, est aussi un concurrent redoutable.

La France vient, après deux ans d’errance, de mettre en consultation pour une durée de 3 mois sa Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) n° 3. Elle est très imparfaite, notamment avec une approche minimaliste de la rénovation performante des bâtiments et un manque de volontarisme sur l’électrification des usages de l’énergie, vecteurs d’une décarbonation compatible avec la neutralité carbone en 2050. Elle doit être drastiquement améliorée par cette consultation.

Ensuite, il est surtout temps de décliner à partir de la SNBC la tant attendue Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE 3) et, enfin, de passer à l’acte. Comme le rappelle le député Jean-Luc Fugit, président du Conseil supérieur de l’énergie, tous les acteurs de la transition énergétique, collectivités, entreprises ou citoyens, naviguent à vue sans aucune boussole à même d’éclairer leur décision d’investissement. Le récent bilan prévisionnel de RTE (Réseau de Transport de l’Électricité) est pourtant clair : la France dispose d’une production d’électricité décarbonée à plus de 95 %, ultra-compétitive et abondante. Plus de 20 % de notre production d’électricité est exportée vers nos voisins européens, ce qui a rapporté 5 milliards d’€ en 2024 à notre balance commerciale. Sur le marché de gros, notre électricité est à un prix inférieur à 50 €/MWh contre plus de 80 €/MWh en Allemagne et dans les autres pays de l’UE. La France a besoin d’un grand programme d’électrification des usages basé sur trois axes : sobriété, efficacité et énergies renouvelables. Il faut, entre autres, généraliser les pompes à chaleur en substitution du gaz et du fioul, mais pas sur des passoires thermiques, et les véhicules électriques, mais pas uniquement des Tesla.

De son côté, l’Union européenne détricote son Green Deal sous la pression des partis de droite et d’extrême-droite et de lobbys industriels à la vision court-termisme. Elle tergiverse, notamment, sur l’interdiction de mise sur le marché de véhicules à moteur thermique sous la pression d’une partie des industriels européens de l’automobile. “Assouplir” cette interdiction est une mauvaise nouvelle pour le climat et une forme d’autodestruction pour les constructeurs européens qui choisissent la plus mauvaise manière de résister à la concurrence chinoise sur le véhicule électrique.

Arrêtons la procrastination. Toutes les enquêtes d’opinion montrent que les citoyens européens sont en attente de la mise en œuvre d’une politique ambitieuse de protection de l’environnement, de lutte contre le dérèglement climatique et de préservation de la biodiversité. Comme nous l’illustrons chaque mois, ce sont les initiatives locales, collectivités et/ou citoyens, qui nous montrent la dynamique et le chemin à suivre. Les prochaines élections municipales seront une étape cruciale pour la transition écologique et Agir pour le climat s’attache à mettre en exergue cette volonté locale d’agir en faveur de la souveraineté énergétique des territoires qui, outre les bénéfices climatiques, valorise les ressources locales et engendre des retombées économiques et sociales qui font plus que combler la baisse des dotations de l’État pour les communes.

Ensuite, tournons-nous vers les pays émergents et les pays en développement pour les assister dans la mise en œuvre de leur propre politique climatique, atténuation et adaptation, mais en abandonnant les postures héritées du passé colonial. Ayons l’humilité de les considérer réellement comme des partenaires. Découvrez dans cette lettre d’information, la Déclaration de Cotonou publiée par des acteurs non-étatiques africains et francophones européens en faveur du développement des énergies renouvelables (EnR) en Afrique. Il n’est pas admissible que les investissements mondiaux dans les EnR ne soient dirigés qu’à hauteur de 2 % vers l’Afrique. L’accès à l’énergie, auquel plus de 500 millions d’Africains n’ont pas droit, devrait être une puissante thématique de coopération entre l’Union européenne et l’Afrique. C’est à la fois un moyen d’atténuation et d’adaptation au changement climatique mais aussi un levier de justice climatique.

Le multilatéralisme ne doit pas mourir mais au contraire se renforcer pour lutter contre le dérèglement climatique, n’en déplaise au locataire actuel de la Maison Blanche.