Pourquoi la viande pèse-t-elle si lourd dans notre empreinte carbone ? Si nous voulons réduire notre impact sur le climat, faut-il privilégier le bio ? Faut-il préférer le local ou le végétal ? Vous trouverez des éclairages dans cet article, qui fait le lien entre notre alimentation et l’environnement.

Lorsque l’on cherche à réduire son impact sur le climat, on pense parfois aux déchets, par exemple en recyclant ou en achetant des produits réutilisables. On pense aussi à l’énergie, en privilégiant l’achat d’ampoules LED ou d’électroménager basse consommation. On peut penser aux transports, par exemple en se tournant vers les mobilités douces et en évitant de prendre l’avion. Un levier souvent sous-estimé se trouve dans notre assiette. Et plus précisément : dans notre consommation de viande.

La viande, un poids lourd de notre empreinte carbone

D’après une étude de Carbone 4, l’alimentation représente environ 25  % de l’empreinte carbone individuelle en France. Parmi ces émissions, la viande — en particulier la viande rouge — est de loin la plus émettrice. À elle seule, la consommation de viande représente presque 10 % de l’empreinte carbone individuelle !

Produire un kilo de bœuf émet en moyenne 28 kg de CO₂e, ce qui est presque 30 fois plus qu’un kilo de protéines végétales comme les lentilles ou les haricots, qui émettent moins de 1 kg de CO₂e. Pour connaître l’empreinte carbone des autres aliments, vous pouvez visiter cette page de l’ADEME.

Comment s’explique une telle différence ? Les ruminants (comme les vaches ou les moutons) émettent du méthane, un gaz à effet de serre avec un pouvoir réchauffant bien plus puissant que le CO₂ à court terme. S’ajoutent à cela les émissions de gaz à effet de serre dues à la culture des céréales nécessaires pour les nourrir et à une chaîne logistique énergivore.

Dans certains cas, les surfaces utilisées pour la culture des céréales ou pour les pâturages sont issues de la déforestation (notamment en Amérique du Sud), ce qui entraîne encore plus d’émissions de gaz à effet de serre. D’après le Gouvernement, la France importe en moyenne 3 000 000 tonnes de soja par an, dont 80 % sont destinés à l’alimentation animale. Le Brésil représente 65 % des importations françaises de soja, suivi par l’Argentine avec 9 % du total. En somme, il s’agit de déforestation importée.

Des dégâts au-delà du climat

La consommation de viande peut poser des problèmes au-delà de la question climatique. L’élevage industriel entraîne la pollution des sols et de l’eau par les déjections animales, comme avec le cas des algues vertes en Bretagne.

De plus, la viande, et plus généralement les produits d’origine animale, demandent de vastes surfaces pour leur production. D’après Our World in Data, à travers le monde, sur les 48 millions de km² utilisés pour la production agricole, 80 % sont utilisés pour les pâturages et les cultures à destination de l’alimentation animale, et moins de 20 % pour les cultures à destination de l’alimentation humaine directe. Malgré cela, les produits animaux ne représentent que 17 % des apports caloriques mondiaux et 38 % des apports en protéines. Alors que les cultures à destination de l’alimentation humaine directe ne représentent que 20 % des surfaces cultivées, elles sont à la source de la grande majorité des besoins caloriques et protéiques des humains. Autrement dit, la culture de la viande est relativement inefficace et occupe d’importantes surfaces.

Consommer de la viande a également un impact sur la santé, et augmente le risque de maladie. La surconsommation de viande rouge et de viande transformée contribue à la forte prévalence du diabète de type II, des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers. De plus, l’élevage intensif augmente le risque de résistance aux antimicrobiens et de transmission de maladie entre les animaux et les humains (zoonose).

Enfin, la question morale de l’élevage intensif mérite d’être posée. Conditions de vie à la source d’inconfort et de douleurs, transport stressant, abattage brutal : des millions d’animaux subissent au quotidien des traitements que peu accepteraient de voir en face. Dans notre pays, environ 8 animaux sur 10 sont élevés dans un élevage intensif.

Le bio, une fausse solution ?

Face à ces constats, beaucoup se tournent vers la viande bio. Si elle est souvent produite dans de meilleures conditions (alimentation plus naturelle, accès au plein air, moins d’antibiotiques), son empreinte carbone est équivalente à la viande conventionnelle, d’après une analyse d’Our World in Data.

Plus largement, l’impact environnemental d’un aliment bio est relativement similaire à celui d’un aliment non-bio, à part sur le plan de la biodiversité. Cependant, un aliment bio demandera toujours une surface agricole plus importante qu’un aliment non bio, étant donné que le rendement de l’agriculture biologique est souvent inférieur à celui de l’agriculture conventionnelle. Autrement dit, l’agriculture biologique produit moins de nourriture pour une même surface agricole utilisée. Ainsi, si la France décidait de produire 100 % d’agriculture biologique du jour au lendemain, il faudrait quasiment doubler les surfaces agricoles pour produire la même quantité, c’est-à-dire a minima raser l’intégralité de nos forêts.

La culture des fruits et des légumes occupe une faible surface agricole en France. En conséquence, acheter des fruits et légumes bio peut avoir un impact positif sur la biodiversité avec un impact minimal sur l’occupation des sols. Ce n’est pas aussi vrai pour les céréales, légumineuses et les produits animaux, qui occupent une importante surface agricole. Ainsi, acheter ces produits en agriculture biologique aura probablement un impact néfaste sur l’occupation des sols.

Local ou végétal : que vaut-il mieux privilégier ?

Vous voulez réduire l’impact climatique de votre alimentation ? Vous feriez mieux de végétaliser votre assiette plutôt que de manger local. Grâce à une étude qui compare les données de 38 000 productions agricoles situées dans plus de 119 pays, l’analyse montre que le transport représente moins de 10 % des émissions de gaz à effet de serre dans le cycle de vie d’un aliment.

Cependant, l’étude montre aussi que les aliments d’origine animale (viandes rouges, viandes blanches, produits laitiers) ont une empreinte carbone largement supérieure aux aliments d’origine végétale. En résumé, même si cela peut paraître contre-intuitif, manger un steak local est bien pire pour le climat que de manger un plat de lentilles importé de l’autre bout du monde.

Cela ne veut pas dire qu’il faut ignorer la question de la distance, notamment pour les aliments transportés par avion. Mais, sur le long terme, pour réduire son empreinte carbone, manger moins de produits animaux est une bien meilleure solution que de manger local.

Comment réduire l’empreinte carbone de son alimentation ?

D’après l’ADEME, le régime avec le moindre impact climatique est le régime végétalien (ou vegan), avec 0,39 kg de CO₂e par repas (suivi de près par le régime végétarien à 0,51 kg de CO₂e). 

En comparaison, un repas avec du poulet pollue 3 fois plus, avec 1,58 kg CO₂e, et un repas avec du bœuf pollue environ 15 fois plus, avec 7 kg CO₂e.

Évidemment, nous sommes très protecteurs de nos habitudes alimentaires, puisqu’elles sont une des sources de notre identité : plaisirs, habitudes, souvenirs… C’est très difficile de les changer du jour au lendemain !

Si vous souhaitez réduire l’empreinte carbone de votre alimentation, voici ce que vous pourriez faire :

1/ Végétaliser progressivement votre alimentation :

  • Réduire la portion de viande dans un repas
  • Remplacer la portion de viande par une alternative végétale dans un repas, une fois par semaine
  • Manger autant de repas végétaux que de repas carnés
  • Manger plus souvent des repas végétaux que des repas carnés
  • Adopter un régime végétarien
  • Adopter un régime végan

2/ Privilégier la réduction de la consommation de viande plutôt que manger local.

3/ Vis-à-vis du climat, manger bio ne change pas grand-chose. Les aliments issus de l’agriculture biologique ont généralement la même empreinte carbone que les aliments non bio. 

Comme décrit plus haut, réduire la viande et végétaliser son alimentation entraîne aussi des bénéfices vis-à-vis des surfaces utilisées, de la biodiversité, de la santé et du bien-être animal.