La COP 30 (Conférence des parties) des Nations Unies sur le climat vient de se terminer. Notre Président d’honneur, Jean Jouzel, qui était sur place au sein de la délégation française, nous en fera un compte rendu détaillé et nous dira quelles peuvent être les attentes pour les années à venir.
Au vu de ce qui nous est parvenu à Paris, la COP 30 a donné ce que l’on pouvait attendre d’elle, c’est-à-dire pas grand-chose, si l’on en croit les différents commentaires parus dans la presse, notamment ceux de Mme Monique Barbut, ministre de la Transition écologique “tout ça pour ça !”. C’est même une régression puisque la notion de sortie des énergies fossiles semble être sortie de la déclaration finale.
Comment pouvons-nous diminuer nos émissions de gaz à effet de serre sans sortir des énergies fossiles qui représentent aujourd’hui 80 % des émissions de CO2 ? Cela est-il dû à la présence des représentants des principaux pays producteurs d’énergies fossiles, à l’exception notable des USA, néanmoins présents dans l’esprit de la plupart des négociateurs ? Ou à la présence de 1 600 lobbyistes du secteur ? Leur argument cynique est toujours le même : tant que la demande pour les énergies fossiles continuera à progresser, nous serons là pour la satisfaire et, donc, continuer nos programmes d’exploration et d’exploitation de nouveaux gisements. Devant ce positionnement répété d’année en année, n’est-il pas temps de renoncer à ces COP qui réunissent partisans et adversaires de la lutte contre le dérèglement climatique et qui, par construction, ne peuvent aboutir qu’à des consensus, c’est-à-dire au plus petit dénominateur commun, au mieux de belles intentions sans moyens concrets ?
Il me semble essentiel de constituer une coalition des États qui veulent réellement progresser dans la réduction des émissions de GES et dans la protection de la biodiversité. Cette coalition pourrait décider de feuilles de route écologiques ambitieuses auxquelles les États et entreprises des fossiles ne pourraient que se plier puisque leur philosophie est de répondre à la demande. Cette coalition aurait à répondre également à l’exigence de financement des pays en développement qui estiment à juste titre qu’ils ne sont responsables que d’une part infime des émissions mais sont les plus vulnérables face aux effets déjà constatés du changement climatique. Ce financement concernerait aussi bien les efforts d’atténuation, réduction des émissions, que les efforts d’adaptation aux impacts déjà constatés et à ceux qui sont à venir. La réponse qui leur est faite aujourd’hui par les pays industrialisés, responsables historiques majeurs des émissions et, donc, de la densité actuelle des GES dans l’atmosphère, est que les agences de développement peuvent au mieux leur prêter de l’argent pour réparer les dommages causés par nos propres agissements. Autrement dit, nous vous avons causé beaucoup de dommages mais nous pouvons vous prêter de l’argent pour réparer et bien entendu vous devrez nous rembourser avec intérêt. Un changement drastique de paradigme est absolument nécessaire pour rendre une réelle utilité à ces rassemblements internationaux qui ressemblent aujourd’hui plutôt à des grands-messes.
Du niveau mondial, je passe maintenant au niveau beaucoup plus réjouissant des collectivités locales françaises, sans m’arrêter au personnel politique national, qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans le grotesque.
En même temps que la COP à Belém, se tenait, à Paris, le Salon des Maires. À la veille des élections municipales de mars 2026, on pouvait croiser quantité d’élus locaux engagés, à la recherche de solutions, prêts à intégrer la transition énergétique dans leur projet de territoire, même celui qu’ils porteront au printemps devant leurs électeurs. Vous trouverez, dans notre newsletter de novembre, les actions développées par l’Intercommunalité Terres d’Argentan (Orne) et son Président, Frédéric Leveillé. Je pourrais vous parler également des actions menées depuis 20 ans par Jacques Pallas, maire de Saint-Georges-sur-Arnon (Indre), parcs éoliens et rénovation énergétique des bâtiments communaux, ou de Michel Maya, maire de Tramayes en Saône-et-Loire, promoteur des territoires à énergie positive (TEPOS) au sein de l’Association de Maires Ruraux de France, et qui détaille comment, sur sa commune, il a mis en place un réseau de chaleur alimenté avec les déchets d’une scierie voisine pour fournir de la chaleur à l’école et à l’EPAHD.
Au niveau local, l’imagination est au pouvoir et le soutien de la population est acquis. Un récent sondage IFOP/ENGIE indique que 84 % des Français sont favorables aux énergies renouvelables et que le taux d’adhésion augmente encore chez les riverains des installations. Reflétant cette adhésion citoyenne, les élus locaux ont une conscience climatique, une conscience des risques de la dépendance énergétique et une conscience des retombées économiques et sociales locales de la transition énergétique. Ils savent qu’ils peuvent porter des projets ambitieux avec l’appui de leurs administrés. D’autres indicateurs de la volonté populaire : plus de 800 000 ménages sont aujourd’hui passés au photovoltaïque en autoconsommation et s’ajoutent aux 1 500 opérations d’autoconsommation collectives qui réunissent collectivités, entreprises et citoyens. Ce sont des indicateurs qui valent beaucoup plus que tous les sondages.
C’est donc bien de la population et des élus locaux que vient et grandira le grand élan de la transition écologique.
