Agir pour le climat venant de conclure un partenariat triennal avec l’entreprise Enerlis, c’est tout naturellement à Aurélie Gaudillère, Présidente d’Enerlis, que nous avons posé les 3 questions usuelles. Nous voulions permettre à Aurélie Gaudillère de développer sa vision de la transition énergétique et de montrer à quel point cette vision est convergente avec celle de notre association.

Pouvez-vous présenter les activités d’Enerlis, notamment dans le secteur de la rénovation des bâtiments ?

Enerlis est un groupe énergétique indépendant présent en France et en Europe, que Thierry Martin et moi-même avons créé il y a une dizaine d’années. Pensé en 2013 en appliquant le modèle des SSII de l’informatique au marché de l’efficacité énergétique, Enerlis s’est développé en élargissant de façon continue son champ d’action, pour être aujourd’hui un véritable opérateur global de la transition énergétique.

Ainsi, notre groupe propose une approche intégrée : il articule ses savoir-faire en efficacité énergétique (audits, rénovation, relamping, isolation…) et en énergies renouvelables (installations solaires, petite hydroélectricité, hydrogène bas carbone, bornes de recharge…) pour les secteurs du bâti et de la mobilité. Il conçoit, réalise et finance les projets de rénovation énergétique de ses clients publics et privés en s’engageant sur les résultats. Après une croissance vigoureuse, qui a combiné le développement de filiales spécialisées et l’acquisition d’expertises pointues, Enerlis a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros et emploie près de 200 collaborateurs.

Nous poursuivons un objectif principal, celui d’accompagner nos clients dans la diminution de leur empreinte environnementale. Nous voulons les accompagner vers la neutralité carbone de leur patrimoine immobilier, commercial ou industriel.

Les pouvoirs publics se sont investis des questions de rénovation énergétique à travers la planification écologique. Que pensez-vous de leur implication ?

La planification écologique exprime l’ambition renforcée des pouvoirs publics d’accélérer la transition de nos territoires. Rappelons-le, pour faire face au défi climatique, la France s’est fixé un objectif très ambitieux : baisser de 55 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990. Pour atteindre ces objectifs, il faut accélérer la transition énergétique de nos bâtiments, qui sont le 2e plus gros poste d’émission après les transports. Il faut donc construire mieux et rénover efficacement pour avoir accès à des bâtiments plus performants. Cette rénovation énergétique, déjà en cours, doit continuer d’être encouragée, portée par le réglementaire. C’est bien l’objet des lois Énergie-Climat et Climat-Résilience ou encore des décrets tertiaire et BACS. Pour autant, l’ampleur du chantier reste vaste. Alors que sur le tertiaire, une certaine maturité se dessine et que les actions de rénovation se multiplient, des efforts restent à produire pour engager davantage le secteur résidentiel. En effet, la nature du résidentiel (interlocuteurs particuliers ou copropriétés), où les mécanismes de décision sont plus complexes, requiert un accompagnement plus poussé, pour faciliter l’atteinte d’un consensus et/ou intensifier la sensibilisation des acteurs finaux. Les experts, toutes casquettes confondues, ont ici tout leur place pour éclairer le débat public.

Un volet important est consacré à la rénovation des bâtiments, mais la question du financement n’est pas abordée. Par rapport aux financements actuels, Ma Prime Rénov, CEE, éco-PTZ, comment voyez-vous les évolutions qui devraient permettre de favoriser les rénovations globales et performantes par rapport aux rénovations monogestes qui sont peu efficaces ?

Il est impératif de faciliter le parcours de la rénovation ! Aujourd’hui, les démarches sont complexes et décourageantes. L’accès aux aides et subventions est fastidieux, ce qui empêche un grand nombre d’acteurs d’y avoir recours. Pour accélérer la transition énergétique globale des bâtiments, nous devons donc unir nos forces pour dessiner un parcours plus efficace. Enfin, l’aide publique pour financer cette transition, alors que les prix explosent, est indispensable. Il faut débloquer davantage de financements. La récente annonce du gouvernement sur le renforcement du dispositif MaPrimeRénov’ va dans ce sens, en permettant d’accompagner les ménages modestes dans leurs projets de rénovation globale. Pour les ménages dont les plafonds de ressources ne permettent pas d’accéder à ces aides et pour qui la rénovation globale n’est pas accessible budgétairement, il faut les encourager dans une trajectoire de rénovation énergétique d’ensemble, en étalant et en renforçant l’efficacité des rénovations dites monogestes.