Pour atteindre nos objectifs climatiques, tous les bâtiments doivent être rénovés, y compris les bâtiments publics comme les écoles, les mairies, les piscines… Le programme ACTEE a pour mission d’accompagner les collectivités locales dans de tels projets de rénovation. Nous avons posé 3 questions à Guillaume Perrin, Directeur général du programme.
Vous êtes le Directeur général d’ACTEE, filiale de la FNCCR. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste l’activité d’ACTEE et quel est l’apport de la FNCCR ?
ACTEE (Action des collectivités territoriales pour l’efficacité énergétique) est un programme national porté par la FNCCR (Fédération nationale des collectivités dévolues aux services publics locaux en réseau) avec l’AMF (Association des maires de France), qui vise à accélérer la rénovation énergétique des bâtiments publics. Concrètement, nous accompagnons les collectivités dans la phase amont de leurs projets de rénovation – diagnostics, audits, études de faisabilité, ingénierie juridique ou financière – pour les aider à structurer des opérations efficaces qui permettent de baisser la facture énergétique.
Et, dans le bâtiment comme dans tout projet, cela se fait avec de l’énergie humaine : à la fois les équipes d’ACTEE au national, mais aussi et surtout les économies de flux, des energy managers que nous finançons dans les collectivités (plus de 400 à ce jour !), pour connaître les bâtiments et choisir, en accompagnant les élus, les travaux durables.
Étant issus d’une fédération d’élus, au plus près des territoires, nous savons garder notre prisme local, en nous inscrivant dans un ancrage fort dans les réalités locales et en étant sûrs que les aides et outils que nous développons sont bien en phase avec les attentes terrain.
Quel premier bilan tirez-vous de vos 5 premières années d’activités ?
Depuis le lancement du programme, nous avons accompagné plusieurs milliers de collectivités, soit directement, soit via des groupements de projets territoriaux. Ainsi, avec le bilan d’ACTEE2 que nous avons clos en début d’année, nous avons touché 20 % des communes en France et accompagné la rénovation de 11 000 bâtiments pour près de 400 postes d’économies de flux financés.
Et ce qu’il y a de plus porteur encore, c’est qu’après l’aide ACTEE, permettant la connaissance du bâti et des actions à mener pour réduire les factures énergétiques, les collectivités ne s’arrêtent pas là ! Nous avons, en effet, le plaisir de retrouver les économies de flux, sans financement ACTEE, mais qui continuent leur mission et permettent un passage à l’acte de travaux d’autant plus riche.
Avant ACTEE, le passage aux travaux depuis le financement d’un audit était d’environ 10 %. Nous avons multiplié ce facteur par plus de 3, puisque nous sommes à 35 % aujourd’hui, dans le passage à l’acte ! C’est une belle réussite que de se dire que ce qu’on l’on porte, d’abord par des paroles, se concrétise au plus près des besoins des citoyens et rend plus confortable une école, une piscine, l’accueil en mairie et inspire des collectivités voisines. Cette mise en réseau et partage de connaissances est essentielle.
Votre activité est partiellement financée par les certificats d’économie d’énergie (CEE). Les collectivités que vous encadrez ont-elles recours à ce levier financier ? Sinon, pour quelles raisons ? Est-ce un système qui fonctionne bien ?
Les collectivités ne mobilisent pas assez les CEE ; c’était d’ailleurs sur ce constat que j’ai fondé ACTEE, visant à mieux faire connaître cet outil financier, outil d’autant plus important en cette période de disette budgétaire.
Si le nombre de fiches couvre un ensemble de types de travaux important, la mobilisation et la valorisation financière par les collectivités restent complexes. C’est un outil très pratique pour les programmes CEE, comme ACTEE, mais insuffisamment facile d’accès pour les acteurs qui gagneraient pourtant à y recourir.
Si les économies de flux, au local, aident à cette compréhension, le défi reste énorme, associé à la masse financière nécessaire pour rénover le parc public, la nécessité de simplifier leur accès va devenir essentielle si l’on veut réussir ce défi de la rénovation.