Le changement climatique continue de s’aggraver : 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Mais c’est aussi une année de solutions. Le Gouvernement français a publié son document de planification écologique et plusieurs lois ont été votées, au niveau national et européen, pour mener la transition écologique à bien. L’ADEME joue un rôle central dans la bonne réalisation de celle-ci, en mêlant expertise et coordination des acteurs. Nous avons posé 3 questions à Sylvain Waserman, Président de l’ADEME depuis juillet dernier.

Monsieur le Président, vous avez pris la Présidence de l’Agence de la Transition Écologique (ADEME) depuis 6 mois. Le Gouvernement vient de publier son document de planification écologique tant attendu. Comment allez-vous orienter la stratégie de l’ADEME en fonction de cette planification ?

La transition énergétique rentre dans une nouvelle ère, car aujourd’hui nous avons des objectifs clairs, chiffrés, mesurables. Nous sommes passés de l’époque de la prise de conscience et de l’évangélisation à celle des plans d’actions, des indicateurs, du pilotage opérationnel concret de la Transition écologique. Ce sont des approches et des compétences très différentes. Le travail réalisé par le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) est essentiel car il nous donne ce cap et ces objectifs chiffrés. Pour ne parler que des émissions de CO2, la France doit les diminuer de 140 millions de tonnes d’ici à 2030, pour se mettre sur la trajectoire de la neutralité carbone en 2050. Cet objectif global est décliné par gisements, bientôt par territoires, et nous disposons d’indicateurs pour mesurer l’efficacité des mesures adoptées. Avec les équipes de l’ADEME, j’ai pour ambition de montrer qu’il y a un chemin pour réussir à relever ce défi, et que chacun doit y prendre sa part. Le message que je porte, c’est donc à la fois un message d’action, de mobilisation et d’espoir.

Comment voyez-vous la déclinaison territoriale de cette stratégie ? L’ADEME va bénéficier d’un renforcement substantiel en ressources humaines. Quelle part va être affectée à l’échelon régional ?

J’ai débuté mon mandat par un tour de France des équipes et partenaires de l’ADEME, au premier rang desquels les présidents de Région, pour comprendre les dynamiques territoriales et en prendre la mesure. De ces semaines, j’ai retiré plusieurs enseignements et 6 axes d’actions pour les prochains mois. L’ADEME est connue et reconnue sur le terrain pour son expertise et la qualité de son accompagnement, technique comme financier. Ma volonté est de consolider ces acquis en accélérant la mise en œuvre des solutions de transition pour atteindre les objectifs de neutralité carbone. Aussi, les moyens humains et financiers que l’État et le Parlement nous ont attribués via la Loi de Finances viennent renforcer notre action sur les prochains mois pour éclairer les enjeux et trajectoires, mettre en visibilité les solutions qui “marchent”, mettre à disposition des territoires des outils et méthodologies comme le programme Territoire Engagé Transition Ecologique (TETE) pour les collectivités ou ACT pour les entreprises pour accélérer le passage à l’acte et bien sûr, soutenir financièrement la réalisation de toujours plus de projets concrets grâce à notre grand fonds sur la chaleur renouvelable, l’économie circulaire, la décarbonation de l’industrie, mais aussi la mobilité ou encore l’adaptation au changement climatique.

Comment envisagez-vous la prolongation d’un partenariat avec Agir pour le climat, qui s’est dernièrement concentrée sur la question du financement de la rénovation énergétique des logements mais qui a l’intention de développer avec d’autres associations l’accompagnement des petites collectivités dans le déploiement des énergies renouvelables ?

L’action menée par Agir pour le climat est très intéressante pour approcher des acteurs et des angles sur lesquels il y a des opportunités d’action. C’est d’ailleurs l’un des leviers de notre action : s’appuyer sur des écosystèmes d’associations et partenaires économiques ou institutionnels pour démultiplier le message et la diffusion des solutions.

Nous nous sommes ainsi associés à la campagne Unlock qui visait à mobiliser les investissements, publics et privés, nécessaires à la rénovation globale et performante du parc de logements. Nous regardons actuellement, avec l’association, comment poursuivre la mobilisation des acteurs bancaires. Ce partenariat est pour nous une excellente opportunité de valoriser notre expertise sur le sujet du financement de la rénovation.