Le Citepa, association chargée par l’État d’évaluer les émissions de polluants notamment des gaz à effet de serre (GES), vient de publier le 10 octobre dernier son baromètre prévisionnel pour les émissions françaises de GES en 2025. Ce baromètre est basé sur des données mesurées pour les 2 premiers trimestres et des estimations pour les 2 derniers. Les chiffres sont alarmants mais cohérents avec la régression politique que connaît la France depuis la funeste dissolution. Sur l’ensemble de l’année 2025, le baromètre prévisionnel anticipe une légère diminution des émissions de GES au plan national, estimée à -0,8 % (soit -2,9 Mt CO2e) par rapport à 2024. Cette baisse reste très en deçà du rythme nécessaire pour atteindre les objectifs de la période 2022-2030, fixés à environ -5 % par an dans la version provisoire de la SNBC 3 (Stratégie Nationale Bas Carbone), toujours pas publiée. Pour respecter l’objectif européen qui nous engage depuis 2020, il faut ramener les émissions brutes à 260 Mt de CO2eq en 2030. Depuis 2005, les émissions nationales suivent une tendance baissière annuelle moyenne de 2 %. Le rythme de baisse ne s’est pas accéléré depuis 2020, alors même que l’objectif climatique européen était fortement rehaussé. Si nous restons sur cette tendance, la France émettra de l’ordre de 320 MtCO2eq, soit un dépassement de 60 MtCO2eq. En retenant la prévision du Citepa pour l’année 2025, il faudra dès lors atteindre un rythme annuel de baisse de 5,5 % entre 2025 et 2030 pour respecter nos engagements et nos objectifs climatiques. 

Comment fait-on pour passer d’un rythme de 0,8 %/an à un rythme de 5,5 % ? Les outils existent : il faut appliquer la stratégie recommandée par le Secrétariat général à la transition écologique (SGPE) rattaché au Premier ministre à la demande du Président de la République, mais malheureusement débranché lors du remplacement d’Élisabeth Borne par Gabriel Attal. Depuis, la régression écologique n’a cessé de s’amplifier. La stratégie s’énonce simplement : réduction de la consommation par l’efficacité énergétique et la sobriété, électrification des usages et développement de l’électricité décarbonée (renouvelables et nucléaire) pour répondre à l’augmentation de la consommation d’électricité. La régression écologique, c’est notamment les stop and go sur le soutien à la mobilité électrique, en particulier le leasing social, ou les autres stop and go sur MaprimeRenov et le développement des pompes à chaleur. C’est ensuite le frein sur le développement des EnR électriques au motif d’une consommation d’électricité insuffisante. C’est l’insuffisance budgétaire du Fonds Chaleur de l’ADEME malgré son haut niveau de performance et la forte demande des collectivités territoriales. C’est aussi l’absence de publication des documents stratégiques SNBC et PPE. 

La thématique de la lutte contre le changement climatique est totalement absente de la discussion actuelle à l’Assemblée nationale sur le projet de budget 2026. Cette absence est révélatrice du manque de volonté politique au niveau national, Gouvernement comme Parlement, alors que la population et les collectivités locales ne cessent d’affirmer leur volonté de transition écologique. 

Mesdames, Messieurs les ministres et parlementaires, nous sommes en attente d’un sursaut de lucidité et de vision de votre part. Voulez-vous laisser aux générations à venir une dette écologique bien plus lourde que l’actuelle dette financière ou voulez-vous être à la hauteur de vos responsabilités d’élus du peuple ?