L’article 2 de l’accord de Paris sur le climat adopté en décembre 2015 a fixé pour objectif de rendre “les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient au changement climatique”.

Force est de constater qu’aujourd’hui peu d’acteurs du monde de la finance semblent avoir entendu l’appel de la COP de 2015, l’évolution des pratiques reste timide et les vieux réflexes ont la peau dure.

Or la finance est un véritable levier de transition. Les collectivités, dans l’exercice de leurs compétences et par leur choix de partenaires ou d’outils, peuvent encourager les bonnes pratiques et contribuer à un modèle plus vertueux. En voici quelques exemples.

Privilégier les banques vertueuses

Pour financer leurs projets à vocation d’intérêt général, les collectivités sont en droit d’exiger des banques, des pratiques éthiques et responsables.

Avant de choisir le partenaire financier, plusieurs villes interrogent désormais les banques sur leurs pratiques et les incitent à prendre en compte les impacts environnementaux, sociaux et climatiques dans leurs actions. C’est le cas à Besançon, Rennes, Strasbourg, Poitiers ou encore Lyon. Dans le cadre d’une collaboration avec Reclaim Finance et Oxfam, ces villes se dotent d’outils d’aides à la décision comme une grille d’analyse et un questionnaire à destination des banques pour passer au crible leurs pratiques. Transparence financière, responsabilité environnementale, climatique et sociale, proposition de produits financiers socialement et écologiquement responsables (ISR, GreenFin ou Finansol) sont autant de critères qui sont pris en compte dans le choix final du partenaire.

Lors de l’approbation de ce nouveau procédé par le Conseil municipal de Lyon, l’adjointe aux finances Audrey Hénocque (que nous avions déjà interviewée ici sur un tout autre sujet : la dette financière pour résorber les dettes patrimoniale et écologique), expliquait “Les banques essayent toutes d’évoluer, la question est de savoir si c’est sincère ou pas. Si elles restent au stade superficiel du “greenwashing”, cela ne sera pas suffisant. Nous nous donnons les moyens de le détecter.” (Le Monde, 09/11/2022).

Recourir à une obligation verte

Une obligation verte est un produit financier, ici émis par une collectivité, qui offre la possibilité à des investisseurs de soutenir la réalisation de projets locaux, menés par la collectivité émettrice et s’inscrivant dans la transition écologique.

La ville de Paris avait de cette façon levé deux fois 300 millions d’euros via deux obligations émises en 2015 et 2017, destinés au financement de “projets présentant un bénéfice environnemental et social, s’inscrivant pleinement dans les objectifs du futur plan climat de la Ville.”

Plus récemment, en 2022, la ville de Lyon a ouvert pour la première fois une obligation verte et est parvenue à lever 20 millions d’euros ce qui était son objectif. Ces fonds seront fléchés vers des travaux de rénovation thermique dans des écoles et crèches.

Soutenir le développement des monnaies locales

Les monnaies locales, utilisées dans un périmètre à l’échelle d’une ville ou d’une région, permettent de verdir les flux économiques locaux. Encadrées dans leur utilisation par des chartes éthiques et écologiques, elles vont renforcer les comportements économiques vertueux.

Elles présentent également d’autres avantages pour les collectivités : c’est un moyen de soutenir indirectement le tissu économique local et de renforcer la résilience économique en retenant une partie des flux sur le territoire.

Ainsi, plusieurs collectivités ont adhéré aux associations de monnaie locale et l’ont intégré dans leur fonctionnement. C’est le cas de la Communauté d’Agglomération du Pays Basque (38 communes) avec l’Eusko ou encore le Florain à Nancy.

Mettre en place une charte de valeurs écologiques de mécénat et de parrainage

Les changements à mettre en œuvre pour adapter son territoire au réchauffement climatique et en limiter les effets ne peuvent résulter de la seule action des collectivités. Un moyen d’embarquer les acteurs privés locaux est la définition d’une charte de valeurs écologiques de mécénat et de parrainage.

À Lyon, qui a mis en place une charte de ce type, c’est près de 80 entreprises qui apportent leur concours à la collectivité, autant de forces vives à embarquer ! Les mécènes et parrains souscrivent au respect de valeurs écologiques inscrites dans la charte et sont invités à prendre activement leurs parts dans la protection de la biodiversité et dans le développement de la nature en ville en participant à la végétalisation, ou encore dans le développement d’une ville plus résiliente au dérèglement climatique et plus sobre énergétiquement en prenant leur part dans la rénovation des bâtiments municipaux et patrimoniaux de la ville.

Par ce document, la collectivité se réserve le droit de refuser des contributions provenant d’entreprises intervenant dans des secteurs économiques jugés incompatibles avec les valeurs prônées et s’assure le soutien de mécènes qui mettent en œuvre, dans leurs activités, une politique entrepreneuriale de responsabilité sociale et environnementale.