Le 16 février dernier, le groupe de travail que je présidais, et dont mon collègue Luc Abbadie – directeur de l’Institut de la transition environnementale à Sorbonne Université – était rapporteur, remettait à la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal son rapport « Sensibiliser et former aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur ». La nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, s’est rapidement emparé de ce dossier, et ce 3 juin nous recevait en entretien.

La commande passée par la Ministre était d’explorer les possibilités de sensibiliser et de former tous les étudiants et toutes les étudiantes à la transition écologique. Je dis bien toutes et tous dans l’ensemble des filières. Cela doit devenir une mission de l’enseignement supérieur. La communauté scientifique s’accorde, dans sa très grande majorité, pour dire que nos sociétés vont vivre et subir des changements majeurs tant pour le climat que pour la biodiversité. Cela doit être l’affaire de tous les citoyens. En conséquence, il est nécessaire de donner à chacun le moyen d’appréhender ces phénomènes. Déjà, les programmes pour les lycéens sont modifiés pour donner plus de place dans toutes les filières à cette sensibilisation. Le supérieur s’appuyer sur ces acquis et c’est pour cela que nous préconisons que ces enseignements soient dispensés durant les deux premières années universitaires. Le lien entre lycée et supérieur doit se resserrer. Par exemple, les éco-délégués des lycées pourraient être partenaires avec des étudiants et des chercheurs dans des projets et des événements.

Nous pensons qu’il y a cinq compétences que tout étudiant doit acquérir :

  • Appréhender les équilibres et les limites de notre monde par une approche systémique,
  • Saisir les ordres de grandeur et les incertitudes par une analyse prospective,
  • Co-construire des diagnostics et des solutions,
  • Utiliser les outils pour concrétiser les évolutions
  • Agir en responsabilité.

Les responsables de l’enseignement supérieur doivent faire confiance aux étudiants et co-construire avec eux ces nouveaux enseignements. Elles et ils sont la génération qui doit mettre en place les solutions pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Elles et ils seront porteurs de ces messages et de ces outils dans leurs entreprises, dans leur territoire, auprès des politiques. Personne ne doit plus pouvoir penser que la transition écologique ce n’est pas son affaire.

Ce nouveau volet de formation, je le rappelle dans toutes les filières de l’enseignement supérieur, va nécessiter bien évidemment des moyens humains et financiers spécifiques.

Il serait juste et bon que de tels dispositifs intègrent tous les programmes des formations professionnelles initiales ou continues. Bien que la loi Climat ait intégré les préoccupations environnementales dans le code du travail, cela ne se traduit malheureusement pas ou fort peu sur le terrain. Parmi les rares dispositions, notons qu’au plus tard en août 2023, les formations relatives à la cuisine devront intégrer dans leurs référentiels des modules sur les bénéfices en matière de santé et d’environnement de la diversification des sources de protéines en alimentation humaine.

Un autre grand chantier à ouvrir !