Association internationale sans but lucratif pour une politique européenne progressiste, la Fondation Européenne pour les Études Progressistes (FEPS) a restitué ses travaux en marge du Sommet spécial sur le climat de l’ONU. Assorti d’une Déclaration politique, ce rapport visait à éclairer la notion de justice climatique et faire des propositions à même d’être reprises par les Nations Unies et les participants au Sommet spécial.

La notion de justice climatique comme pierre angulaire de la transition écologique.

Le comité de rédaction rassemblait 50 experts venus de 18 pays, parfois extra-européens. Si les approches divergeaient en fonction des profils (élus, universitaires, militants), chacun des participants avait préalablement souscrit à un cadrage initial posé par la Ministre espagnole de la transition énergétique et présidente du comité, M. Teresa Ribera, lequel était fondé sur une vision « progressiste » des enjeux de la transition écologique.

La notion de transition recouvre des champs multiples. Si la sortie des sources d’énergies fossiles constitue son point de départ, son aboutissement est porteur de certains effets adverses au plan social. Il est impossible d’administrer une transition qui ne soit pas coûteuse en emplois dans les secteurs visés. Il est de même, et l’actualité de l’année passée le démontre, difficile de faire advenir le changement sans braquer certaines portions de la population. C’est dans ce cadre que les travaux de la FEPS ont été initiés en avril 2019.

La justice climatique est donc une notion vaste, en perpétuelle définition. Le rapport « UNited for climate justice » vient en clarifier les termes, ou plutôt la direction opportune que les décideurs doivent prendre dans leur feuille de route climatique. Une transition écologique souhaitable devra s’opérer avec un prisme social-écologique, les deux jambes du projet progressiste sur lequel se sont retrouvés les membres du comité réuni par la FEPS. La justice climatique aura été ainsi définie comme à la fois internationale, intra-nationale et intergénérationnelle. Elle est un triangle politique, un ensemble de trois flèches qui doivent converger vers la même cible. Oublier chacun de ses aspects reviendrait à une transition incomplète, voire redoutable dans ses conséquences.

Un rapport concerté à même de fournir des orientations opérationnelles aux décideurs.

Le Sommet spécial du 23 septembre à l’ONU peut être analysé à la fois comme une volonté d’impulsion décisive du Secrétaire général Antonio Guterres, et une occasion manquée. Une minorité d’États, en dépit d’une mobilisation massive de la société civile organisée, est venue avec des objectifs rehaussés de lutte contre le changement climatique dans le prolongement de l’Accord de Paris (2015).

Le 20 septembre à New York, la FEPS et les membres du comité chargé de la rédaction du rapport ont pu débattre et échanger avec certaines personnalités de haut niveau. L’ONU était représentée par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sommet spécial sur le climat de 2019, Luis Alfonso de Alba. Mary Robinson, ancienne présidente d’Irlande et à la tête d’une fondation climatique, ou Laurence Tubiana, ancienne ambassadrice chargée des négociations lors de la COP21 et actuelle directrice générale de la Fondation européenne pour le climat, ont également participé aux débats.

Une centaine de représentants d’ONG climatiques internationales étaient présentes dans la salle, afin d’assurer un débat inclusif et contradictoire. La présidente Ribera et certains membres du comité ont pu restituer le contenu des propositions émises dans le rapport « UNited for climate justice ». Il a semblé primordial que chacune des propositions réponde aux impératifs suivants : favoriser l’émergence d’un nouveau contrat social ; répondre à une approche sociale (« people-centred ») et fondée sur les droits de l’homme ; la reconnaissance des droits de la nature ; une gouvernance climatique inclusive et élargie. Parmi les propositions contenues dans le rapport final et la Déclaration politique de septembre 2019, certaines possèdent une dimension opérationnelle d’une grande qualité. Citons l’inclusion dans les objectifs de réduction des gaz à effet de serre des États parties à l’Accord de Paris (les « NDCs ») d’un principe de « transition juste », l’approfondissement des critères climatiques en matière de finance et d’investissements (dits « verts »), la mise en place de conseils de jeunesse au plan national ou la mise en place d’un cadre légal international unifié pour les droits environnementaux.

Les conclusions du rapport « UNited for climate justice » resteront comme une contribution utile et non exhaustive à l’action internationale contre le changement climatique. Il appartient à la société civile de ne pas manquer l’occasion de se faire entendre, tant pour ses craintes légitimes que pour avancer des propositions pour l’action.