Comment mettre la finance au service du climat ?

Vous êtes entrepreneur : voulez vous réaliser des projets financés, utiles ? Question stupide et pourtant, cela dépend de vous, en commençant par lire la proposition du pacte finance-climat de Jean Jouzel et Pierre Larrouturou : pour éviter autant que faire se peut la crise financière annoncée par le FMI, tout en sortant de l’impasse climatique. Cette proposition de pacte vous place devant la question : voulez vous que l’économie réelle reprenne le dessus avec des projets financés tout en vous mobilisant sur la transition énergétique, écologique ? De la décision de signer ce pacte européen résulterait pour la France un financement annuel de projets de transition de 45 milliards par an, à taux zéro. Et selon l’Ademe, de 600 000 à 900 000 emplois créés sur notre territoire.

Pourquoi un pacte finance-climat ?

Depuis 2015, la quasi totalité de la création monétaire va à la spéculation. C’est à dire ne finance pas ce pour quoi elle est faite : financer l’économie réelle. Cela peut se changer. « La prochaine crise financière va nous tomber dessus, plus grave et plus générale que celle de 2008 » dit le FMI. La seule inconnue est la date. Si cela peut se changer, alors essayons.

La menace climatique est brûlante et là, on connaît à peu près la date : selon l’observatoire de Mauna Loa,( www.co2.earth ) nous avons franchi les 410 ppm en mois d’avril dernier; à 415 ppm nous déclenchons les 1,5°C de hausse de température ; au rythme actuel, c’est pour 2020 ; à 450 ppm, nous déclenchons les 2°C ; c’est pour les années 2030.

Quelle proposition de pacte ?

Flécher la création monétaire sur l’économie réelle, celle des entreprises, des habitants, des collectivités territoriales ; dans les 4 secteurs clé : bâtiments, mobilités, alimentation, énergies (www.agirlocal.org). Et pour cela décider que la banque européenne d’investissement devienne une banque du développement durable (Philippe Maystadt, Président honoraire de la BEI) : moyennant quelques fonds propres fournis par l’Europe, chaque pays dispose alors d’un droit de tirage annuel à hauteur de 2% de son produit intérieur brut ; 45 milliards pour la France, 60 pour l’Allemagne.

Et pour financer ce qui n’a pas de retour sur investissement comptable, créer un impôt européen sur le bénéfice des entreprises, de l’ordre de 5% ; ce qui porterait le taux moyen européen à 24%, celui que Trump vient de décider pour les USA (pas sur les contribuables, pas sur les entreprises, mais bien sur les bénéfices qui alimentent la spéculation). De quoi dégager chaque année 100 milliards d’euros et financer la recherche, une partie du chantier sur le territoire européen et augmenter très nettement l’aide aux pays d’Afrique et du pourtour méditerranéen. De quoi les aider à maitriser le réchauffement climatique, pour eux et donc pour nous. De quoi subventionner, avec les états membres, chacun, la moitié de la facture des chantiers nécessaires pour réussir la transition énergétique en Europe, le reste étant couvert par les prêts à taux zéro.

Total, 1100 milliards d’euros de chiffre d’affaire par an, le besoin en financement évalué par la cour des comptes européennes pour gagner la bataille de la transition.

Comment décider le pacte ?

3 ans après la COP de Paris, juste après la COP 24, le conseil des chefs d’Etat et de gouvernement européens se réunira en décembre 2018, comme prévu, pour évaluer la COP 21 et prendre les décisions nécessaires pour en rester à moins de 2°C de réchauffement.

Impossible de décider le pacte? Sur proposition de Jean Monnet, en moins d’un an, Schumann et Adenauer ont décidé l’Europe et signé le traité. Il s’agit de décider aujourd’hui un nouveau traité européen, approuvé par référendum voté le même jour dans tous les pays d’Europe.

Un nouveau Traité approuvé par un référendum pan-européen, le même jour dans tous les pays d’Europe, comme le proposait en 2012 Jürgen HABERMAS avec l’accord d’Angela MERKEL.

 

Et vous, vous faites quoi ? Les temps ont changé, certes. Alors, vous retournez à vos occupations ou vous dites haut et fort ce que nous voulons pour notre avenir et celui de nos enfants ? En signant l’appel sur notre site www.climat-2020; mieux en activant vos réseaux professionnels associatifs et politiques ; en délibérant dans vos instances, professionnelles, associatives et territoriales et en le faisant savoir.

A juin 2018, nous nous y sommes mis dans 6 pays européens; et vous ?

Jean-Michel Vincent