La Commission européenne avait lancé un appel d’offres afin d’être conseillée sur l’intégration des facteurs Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (E.S.G.) en matière de financement soutenable. Et le vainqueur est… Financial Markets Advisory (FMA), une structure de BlackRock.

FMA a été créée en 2008 par BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde (6 000 milliards de dollars), pour contribuer à l’analyse des risques et à l’expertise de la modélisation financière auprès des gouvernements, des banques centrales et de toutes institutions financières publiques ou privées.

BlackRock jure que FMA est totalement indépendante… Mais pour réaliser ses missions, FMA utilise les données fournies par… BlackRock. Pour être le plus puissant, sécuriser ses placements et faire des gains sur les salaires, son fondateur, Larry Fink, a remplacé les analystes par l’intelligence artificielle. Parce qu’il doit lui procurer la richesse, il a appelé ce système informatique « Aladdin ». Pour une grande part, son business se fait sur les Fonds Indiciels cotés (Exchange-Traded Fund ou E.T.F.). Le gestionnaire d’actifs est ainsi présent dans une vingtaine d’entreprises françaises du CAC40, plus de 30 à la Bourse de Francfort, une dizaine à la Bourse de Varsovie… Banques et sociétés financières constituent près de 17 % du portefeuille de sa société européenne, iShares MSCI Europe.

BlackRock déploie son influence auprès des politiques. En France, c’est un ancien conseiller d’un président de la République qui devient le président de l’entreprise et en Allemagne son ancien président se positionne pour remplacer la chancelière actuelle.

Sur le site de LobbyFacts.eu, nous découvrons que l’activité d’influence de BlackRock se développe fortement à partir de 2015. Les dépenses en lobbying de l’entreprise américaine auprès de l’Union Européenne représentaient jusqu’alors près de 350 000 €. Après 2015, c’est près de 1 500 000 € qu’elle investit chaque année.

En 2020, grâce à sa filiale, elle va même être rémunérée de 280 000 € par la Commission européenne pour son travail d’influenceuse ! Son offre de départ était à 550 000 €, mais pour être certaine d’obtenir le marché, FMA l’a divisée par 2, ce qui pourrait, en termes de marché public, en faire une offre anormalement basse.

Quant à l’objectivité de FMA, assurée par la Commission, il nous est permis d’en douter. Dans le documentaire diffusé sur ARTE « Ces financiers qui dirigent le monde », un document écrit de BlackRock dit expressément que « Les critères ESG sont souvent mal compris et l’on croit qu’ils impliquent de tenir compte de valeurs sociales et politiques dans les investissements, il n’en est rien ». Les choses sont claires.

BlackRock via Financial Markets Advisory va conseiller la Commission européenne, « c’est comme laisser le renard garder le poulailler » déclarait Katrin Ganswindt de l’ONG Urgewald dans les colonnes du Guardian. Ce sont aussi près d’une centaine de député-e-s européen-ne-s qui s’insurgent, dont Nathalie Loiseau et Pascal Durand (Renew), Pierre Larrouturou et Raphaël Glücksmann (sociaux et démocrates), Yannick Jadot et Damien Carême (vert).

Agir Pour le Climat, dont l’objectif fondamental est d’obtenir au plus vite un Pacte européen assurant des financements à la hauteur des besoins pour réussir la transition énergétique et préserver la biodiversité avec le souci de la justice sociale, soutient pleinement la Commission européenne dans sa volonté de renforcer sa stratégie de finance durable. Mais notre association ne peut accepter que cette mission de la plus grande importance pour notre avenir commun soit confiée à une société qui agirait en un conflit d’intérêts.

Nous vous invitons à signer notre pétition et à la diffuser largement :
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