Le 13 mai dernier, le Président de la République est intervenu pendant plus de trois heures à la télévision. Il a réussi à ne consacrer que quatre minutes à la toute fin de son intervention au thème de l’écologie, affirmant que, sous sa Présidence, la diminution des émissions françaises de gaz à effet de serre (GES) était passée de 1 à 4 %. Vérification faite, c’est plutôt 1,8 % en 2024 selon le Citepa et la France s’écarte de la trajectoire “neutralité carbone en 2050”. De son côté, le Premier ministre prolonge encore le feuilleton de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). Elle est maintenant annoncée pour la fin de l’été si M. Bayrou respecte ce nouvel engagement. Selon la loi, elle aurait dû être publiée en juillet 2023. Cela ne fera jamais que deux ans de retard pour un document qui conditionne les initiatives publiques dans le domaine de l’énergie comme par exemple, les appels d’offres éolien en mer ou le futur programme de nouveaux réacteurs nucléaires.

Pendant ce temps, citoyens et collectivités locales agissent sans attendre le réveil des pouvoirs publics nationaux. La lettre mensuelle d’Agir pour le climat ouvrira prochainement une rubrique consacrée aux réalisations de transition énergétique des citoyens et/ou des collectivités locales. J’ai déjà eu l’occasion de souligner le développement rapide de l’autoconsommation photovoltaïque individuelle avec près d’un million de foyers déjà équipés. La rénovation énergétique des logements individuels connaît également une bonne dynamique maintenant que les règles de financement MaPrimeRénov se stabilisent et s’accentuent pour les foyers les plus défavorisés : 93 000 rénovations d’ampleur (au moins deux sauts de classe) en 2024, malgré les retards de l’ANAH dans la mise en œuvre des nouvelles règles de financement. Le premier trimestre 2025 confirme cette dynamique. Agir pour le climat n’est pas étranger à cette inflexion, notamment par son plaidoyer vis-à-vis des banques sur le financement du reste à charge après subvention.

Le bilan du Fonds Chaleur de l’ADEME en fin 2024 est également révélateur. Cet outil est destiné aux entreprises, logements sociaux et, surtout, aux réseaux de chaleur dont les collectivités locales sont les maîtres d’ouvrage. Il valorise les ressources en biomasses diverses, en solaire thermique, en géothermie et en chaleur fatale, issue des incinérateurs ou des industries. Créé en 2009, il permet aujourd’hui de produire 50 TWh de chaleur par an en économisant chaque année 2 milliards d’euros de gaz fossile importé et d’éviter à plus de 5 millions de foyers d’être soumis à la volatilité des prix du gaz venant de Russie, États-Unis ou Moyen Orient.

Pour la seule année 2024, les projets financés par l’ADEME ont permis d’éviter l’émission de 1 250 000 tCO2/an à un coût public de 35 €/tCO2. Aucun dispositif de soutien public à la réduction des émissions de GES n’atteint une telle efficacité. La production prévisionnelle annuelle de l’ensemble des projets aidés en 2024 sera de 3,6 TWh par an, en hausse de 28 % par rapport à 2023. Cette performance a été rendue possible grâce à l’engagement et à la compétence des équipes de l’ADEME, que certains voudraient supprimer, mais aussi à l’engagement des collectivités soucieuses de réduire leurs émissions de GES et d’assurer un coût maîtrisé de l’énergie à leurs administrés.

Face à cette dynamique de terrain, l’exécutif national et les parlementaires comprendront-ils qu’ils sont déconnectés de la volonté populaire ? La transition énergétique sera une thématique importante de la prochaine campagne des élections municipales et Agir pour le climat apportera avant et après les élections aux acteurs locaux son éclairage sur les enjeux de la transition, en particulier en matière de souveraineté, d’emploi, de préservation du pouvoir d’achat et d’environnement.