Les indicateurs concernant les effets du dérèglement climatique sont de plus en plus alarmants. Tous les Français ont en mémoire les événements de l’été 2025 qui ont eu un impact sur l’Europe entière, du Sud au Nord. Centrée sur 854 villes européennes, une étude conduite par des chercheurs de l’Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine conclut que le changement climatique est à l’origine de 68 % des 24 400 morts qui seraient liées à la chaleur de cet été. Selon une autre étude, dirigée par Sehrish Usman de l’université de Mannheim (Allemagne) avec deux co-auteurs de la Banque centrale européenne, le coût des impacts du changement climatique s’élèverait à 43 milliards d’euros rien que pour l’été 2025 en Europe. Et cela ne prend en compte que les coûts directs et non les coûts induits comme les pertes de productivité. L’addition pour l’été dernier pourrait alors se situer autour de 126 milliards d’euros. Cette étude s’appuie à la fois sur des données météorologiques et des modèles économiques d’estimation des dommages causés par les événements météorologiques extrêmes – rendus plus fréquents et plus intenses par le changement climatique. Plus d’un million d’hectares de forêts européennes se sont envolés en fumée, augmentant drastiquement les émissions de CO2 européennes et détruisant les puits de carbone naturels qui auraient pu absorber une partie de nos émissions. Les vagues de chaleur n’ont pas touché seulement l’Europe du Sud. Le Royaume-Uni, la Belgique et les Pays-Bas notamment ont connu l’une des pires sécheresses de leur histoire.

Et pendant ce temps-là certains chefs d’État, membres de l’Union européenne, dont Emmanuel Macron se battent pour décaler les engagements européens sur la trajectoire de baisse des émissions de GES d’ici 2040 dans le cadre de la tenue de la COP 30 à Belem au Brésil.

Et vous, mesdames et messieurs les parlementaires, comment réagissez-vous devant ces constats de plus en plus alarmants ? Votre silence est assourdissant ! Avez-vous d’autres perspectives que les prochaines échéances électorales ? Quelle place accorderez-vous au dérèglement climatique et à l’érosion de la biodiversité dans vos futures campagnes ? Aujourd’hui, vous vous écharpez sur le projet de budget 2026. De combien faut-il réduire les dépenses publiques ? De combien faut-il augmenter la fiscalité pour les classes les plus favorisées ? Questions parfaitement légitimes. Aucun parti raisonnable ne nie la nécessité de réduire l’endettement de notre pays. Mais avez-vous réfléchi au projet de société qui devrait encadrer ces efforts qui devront être collectifs ? La protection de l’environnement, climat et biodiversité, ne devrait-elle pas être le cadre d’un projet social qui réunisse la majorité des Français dans une perspective de réduction du déficit national ? La dette écologique n’est-elle pas au moins aussi importante que la dette financière ? Avez-vous pensé aux générations qui nous suivent ?

La Cour des Comptes vient de publier un rapport sur la transition écologique. Allez-vous faire l’effort de le lire et d’essayer de le comprendre ? Les conclusions essentielles sont pourtant assez simples. Les coûts de l’inaction sont bien supérieurs aux investissements nécessaires à la transition. Chaque euro investi en prévention permet d’économiser jusqu’à trois euros de dommages évités. En France, un scénario de statu quo des politiques menées face au dérèglement climatique entraînerait une perte de 11,4 points de PIB à l’horizon 2050, c’est-à-dire demain. Ces questions sont totalement absentes des débats politiques que nous entendons depuis quelques mois. Les successions de gouvernements et les infantiles négociations menées sans succès pour éviter les motions de censure sont-elles dignes de ces enjeux ?

Une petite minorité de parlementaires ont exprimé leurs inquiétudes sur ce sujet qui doit primer sur tous les autres, mais l’immense majorité des députés et sénateurs sont étrangement muets, à l’instar des membres du gouvernement ou de ce qu’il en reste. Si vous avez une once de responsabilité à l’égard de vos électeurs et des générations futures, ouvrez les yeux et engagez le pays dans une véritable transition écologique ayant vocation à sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. Aujourd’hui 57 % de notre approvisionnement en énergie est composé de pétrole et de gaz. Accélérons la maîtrise des consommations, l’électrification des usages et le développement des énergies renouvelables. Mettons en œuvre un grand volet consacré à l’adaptation, maintenant que les premiers effets du changement climatique sont inéluctables. Veillons au rétablissement des puits de carbone naturels que sont la forêt et l’agriculture.

Pour y parvenir, je vous exhorte à établir le dialogue avec les collectivités locales et la population qui ont une perception radicalement différente de la vôtre. Monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les parlementaires, retrouvez le sens des réalités. Cessez vos pitoyables chikayas picrocholines et renouez avec l’ambition politique !