Le 26 novembre dernier se déroulait l’Assemblée générale de votre association Agir pour le climat. À cette occasion, le Conseil d’administration a été renouvelé et a élu, à son tour, le 20 décembre, son nouveau Président, Jean-Louis Bal. Présentations.

Jean-Louis Bal, vous venez d’être élu Président d’Agir pour le climat, pourriez-vous nous retracer votre parcours ?

Je suis ingénieur de l’Ecole Polytechnique de Louvain en Belgique. Après quelques années dans l’enseignement en Algérie et au Zaïre, actuelle République Démocratique du Congo, je me suis engagé dans le développement des énergies renouvelables en 1975. Pendant 10 ans, j’ai participé avec mes associés à la création et au devenir d’une entreprise consacrée à l’énergie solaire, thermique et photovoltaïque. Notre vision de l’époque était plus l’épuisement des ressources fossiles que le dérèglement climatique. En 1985, j’ai rejoint une filiale des Grands Moulins de Paris, active en Afrique Francophone et qui avait pris conscience des difficultés d’accès à l’énergie dans les zones rurales de ces pays. En 1992, j’ai rejoint l’ADEME, l’actuelle Agence de la transition écologique, en tant que Directeur des Énergies Renouvelables. J’ai accompagné le développement de ces énergies en France et dans les pays en développement jusqu’en fin 2010. Durant ces années, la problématique de l’épuisement des ressources fossiles est devenue moins prégnante que celle du dérèglement climatique. Même si elles sont en quantité suffisante pour assurer notre approvisionnement énergétique pour des décennies, leur exploitation est à même de compromettre la survie de l’humanité sur notre planète.

J’ai ensuite été élu Président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), l’association des professionnels du secteur. J’ai assuré cette Présidence jusqu’en octobre 2022. Pendant ces 12 ans, j’ai eu à cœur de promouvoir les EnR comme l’un des principaux moyens d’assurer notre indépendance énergétique et de maîtriser le dérèglement climatique.

Quels sont les éléments qui vous ont amenés à vous porter candidat pour le Conseil d’administration de notre association ?

N’ayant pas postulé pour un nouveau mandat de Président du SER, je me suis retrouvé avec du temps disponible et toujours motivé par la lutte contre la dégradation du climat. J’ai, de longue date, été conscient de l’importance d’une double solidarité. La première doit unir ma génération et celles qui nous suivent. Ce sont nos descendants qui auront à subir les pires effets de notre hyperconsommation d’énergies fossiles. La deuxième solidarité est celle qui doit unir nos pays développés et les pays du Sud qui subissent déjà les conséquences climatiques de notre addiction au pétrole, au gaz et au charbon. C’est cette double motivation qui m’a amené à mon actuel engagement dans Agir pour le climat et dans deux ONG tournées vers les questions d’accès à l’énergie dans les pays du Sud.

Avec les autres membres du Conseil d’administration, quelles sont les actions que vous souhaitez déployer en 2023 ?

Lors de la première réunion du Conseil d’administration, nous avons fait un constat : Agir pour le climat a développé une vraie expertise dans le domaine de la rénovation énergétique des logements qui est le parent pauvre de la politique climatique française. Nous voulons consolider ce savoir-faire en collaboration avec d’autres acteurs et en dialoguant avec la représentation parlementaire avec un double objectif d’efficacité climatique et de justice sociale. Nous voyons deux échéances législatives : la Loi de programmation climat et énergie dont la discussion parlementaire doit se dérouler au 2nd semestre 2023 et la loi de finances 2024 au 4e trimestre.

La Loi de programmation devra tracer la trajectoire de rénovation énergétique jusqu’en 2028. Agir pour le climat veillera à ce que la loi ne comporte pas seulement des objectifs mais décrive également les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre en favorisant particulièrement les rénovations globales bien plus efficaces que les actions mono-gestes. Cette programmation devra ensuite être traduite dans des dispositions concrètes en loi de finances.

L’année 2023 sera également consacrée à la recherche d’un élargissement de notre savoir-faire dans des domaines proches comme l’adaptation des logements au réchauffement ou, plus éloignés, comme le financement de l’accès à l’énergie en Afrique où mon expérience personnelle pourra s’avérer bien utile.