Les éléments scientifiques sont sans équivoque : « Tout retard dans l’action mondiale concertée nous ferait perdre un temps précieux et limité pour instaurer un avenir viable ».
Ce 28 février 2022, le Groupe de travail II a remis le deuxième volet du sixième Rapport d’évaluation du GIEC. Il dit aux décideurs politiques l’urgence « de prendre des mesures immédiates et plus ambitieuses pour faire face aux risques climatiques. Les demi-mesures ne sont plus possibles. »

Les experts nous disent que le changement climatique induit par l’homme, provoque des événements extrêmes plus fréquents et plus intenses, bien au-delà de la variabilité naturelle. Cela nous le savons et commençons à le vivre. Mais ils nous disent aussi, et cela doit faire réagir, que l’évolution de la température moyenne contribue à l’augmentation des évènements climatiques extrêmes qui vont au-delà des capacités d’adaptation des écosystèmes et des sociétés humaines. La vulnérabilité des humains et celle des écosystèmes sont interdépendantes.

Avec un degré de confiance élevé dans leurs données, ils écrivent que « 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes hautement vulnérables », avec le réchauffement climatique atteignant rapidement 1,5°C. Au-delà de 2040, l’ampleur et le rythme du changement climatique et les risques associés dépendent fortement des mesures d’atténuation et d’adaptation mises en œuvre maintenant. Sans cette action immédiate des politiques, les impacts des aléas climatiques seront à moyens termes plusieurs fois supérieurs à ceux actuellement observés. L’inquiétude de la communauté scientifique porte sur la combinaison de l’augmentation des risques climatiques avec des événements sociaux, économiques, guerriers, aggravant fortement des situations déjà difficiles voire dramatiques. Actuellement, la vulnérabilité est déjà plus élevée dans les territoires touchés par la pauvreté, l’absence de démocratie et parfois en proie à des conflits violents (Afrique de l’ouest, du centre et de l’est, Asie du sud, Amérique centrale et du sud).

Déjà, d’ici à 2040, les aléas générés par l’élévation prévue de la température moyenne de la terre mettront en difficulté les productions agricoles et en conséquence la sécurité alimentaire mondiale. En 2050, l’élévation du niveau des océans devrait directement menacer plus d’un milliard de personnes. Les coûts des dommages engendrés par cette montée des eaux sont estimés entre 7 et 14 000 milliards de dollars.

Danger pour la sécurité alimentaire mondiale

D’ici à 2040, les aléas générés par l’élévation prévue de la température moyenne de la terre mettront en difficulté les productions agricoles et en conséquence la sécurité alimentaire mondiale

Le rapport présente aussi des éléments positifs. Il indique que la prise de conscience existe. La planification et la mise en œuvre d’actions d’adaptation existent dans de nombreux territoires. Cependant, ils alertent sur les réponses qui n’auraient pas une approche globale. Agir sur un secteur déterminé, à court terme, sans prendre en compte les effets induits dans l’environnement proche, peut s’avérer contreproductif et coûteux. Le rapport pointe des exemples de protection contre les inondations et les submersions comme des « maladaptations ». Le message est clair : il faut œuvrer avec les écosystèmes et non contre.

En bref, les actions engagées actuellement sont souvent des réponses aux risques de dommages générés par les aléas climatiques, sans mettre en œuvre l’indispensable transformation de nos sociétés. Il est primordial de mesurer la faisabilité et l’efficacité de la mise en œuvre d’actions d’adaptation tout en intégrant des politiques fortes d’atténuation d’émissions de gaz à effet de serre. Les actions d’adaptation seront dégradées avec l’augmentation de la température. Enfin, les auteurs insistent sur la nécessité d’intégrer des solutions qui s’attaquent aux inégalités sociales. Comme le dit le slogan, « Fin du monde, fin du mois, même combat. »

Bien évidemment, il faut utiliser toutes les solutions technologiques appropriées. Pour cela, il faut des financements à la hauteur de l’ampleur de la tâche. Tous les acteurs, politiques, entreprises, banques privées et publiques, doivent dès à présent mettre leurs capacités financières au service de cette grande cause mondiale avec un souci d’équité et de justice sociale, notamment envers les populations les plus vulnérables de la planète.

En conclusion, les scientifiques disent que les mesures d’adaptations ne seront que peu efficaces si nous ne mettons pas des contraintes fortes, principalement institutionnelles, politiques et financières pour limiter le changement climatique. « L’adaptation et l’atténuation doivent être menées de front. Chaque fraction de degré compte, chaque voix est importante, chaque seconde compte. »