Les scientifiques du climat nous alertent que, lorsque la température de la planète aura augmentée de 1,5°, nous serons dans un emballement d’instabilité qui sera devenu incontrôlable. C’est pourquoi l’Union européenne et tous ses États-membres ont signé l’accord de Paris qui les engage ainsi à réduire de 45% leurs émissions de gaz à effet de serre avant 2030.

Aujourd’hui, 50 millions d’européens vivent en précarité énergétique. D’où l’importance de mettre en place des politiques publiques justes qui allient protection du climat et justice sociale.

Les résultats des élections européennes ont montré la volonté très forte des Européens de mettre la lutte contre le dérèglement climatique et la perte de la biodiversité au coeur des enjeux présents. Cependant, les belles paroles dispensées dans toute l’Europe pendant la campagne électorale doivent se transformer en actes. Des faits concrets sont attendus, notamment par la jeunesse qui s’est mobilisée massivement
contre le chaos climatique en manifestant depuis plusieurs mois et en relevant substantiellement la participation aux élections européennes.

Concrètement (comme les experts le démontrent tous les jours), il faut investir massivement et rapidement dans la sobriété énergétique et, par suite, dans la prise en charge des mutations professionnelles qu’elle va engendrer. De multiples actions doivent être prises pour ces financements :

  • Désinvestir les activités climaticides,
  • Créer une Banque européenne du Climat et de la Biodiversité,
  • Proposer des prêts européens ou nationaux, pour un ensemble de travaux de l’ordre de 2% du PIB sur
    30 ans,
  • Élaborer des budgets de soutien,
  • Instaurer une taxe carbone interne et aux frontières de l’UE…

Le Pacte Finance-Climat relayé par d’autres ONG européennes a proposé un double dispositif avec banque de prêts et fonds d’intervention alimenté par taxes. D’autres experts jugent plus réaliste d’autoriser les États-membres à dépasser de 2% le déficit, jusque-là
limité par traité à 3% du PIB.

Nous attendons du prochain sommet du 20-21 juin que chaque État-membre se positionne pour l’une ou l’autre de ces alternatives.

Quels sont les engagements et les décisions que votre gouvernement va porter au niveau européen pour répondre aux attentes formulées par la jeunesse européenne et les Européens dans leur ensemble en mai dernier ?

Jean Jouzel
Vice-président du groupe scientifique du GIEC de 2002 à 2015
Directeur de recherche émérite au CEA, Membre du CESE ;
Président d’honneur du Pacte Finance-Climat.

Bruno Léchevin
PDG de l’ADEME de 2013 à 2018
Délégué Général du Pacte Finance-Climat